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Rapport détaillé sur les Elomoué, sous-groupe Baoulé de Côte d’Ivoire

Résumé analytique : Les Elomoué – Un sous-groupe défini par une adaptation stratégique

Le présent rapport constitue une analyse approfondie et multidisciplinaire de l’ethnie Elomoué, un sous-groupe du peuple Baoulé de Côte d’Ivoire. L’étude révèle que l’identité des Elomoué n’est pas le fruit d’une simple continuité migratoire, mais d’un processus complexe de formation et d’adaptation. Leur histoire est marquée par une séparation stratégique du groupe Baoulé principal peu après 1730, aboutissant à une installation dans le Bas-Bandama. Cette position géographique cruciale a favorisé un processus d’amalgamation avec les populations préexistantes, notamment les Asrin, et a nécessité le développement d’un État centralisé, l’“État Elomwen”, pour contrôler les échanges économiques vitaux.

L’organisation sociopolitique des Elomoué se distingue par un pragmatisme historique, conciliant un système de chefferie centralisé avec les structures familiales et lignagères complexes des Baoulé, qui combinent une succession matrilinéaire pour l’héritage ordinaire et un système patrilinéaire pour les nobles. Leur économie, initialement axée sur le commerce de l’or et des esclaves, a su se transformer pour s’adapter à la production de cultures de rente modernes. Sur le plan culturel, l’art et les rituels Elomoué sont le reflet d’une culture synchrétique, capable d’intégrer des éléments de peuples voisins comme les Wan et les Gouro.

Toutefois, ce même positionnement géographique, source de prospérité passée, les expose aujourd’hui à des défis contemporains majeurs, notamment des inondations récurrentes. L’analyse démontre que l’histoire des Elomoué est celle d’une résilience remarquable et d’une capacité à se forger une identité distincte en tirant parti des opportunités et des contraintes de leur environnement, un modèle pertinent pour la compréhension des dynamiques ethniques et sociétales en Afrique de l’Ouest.

I. Les origines et la trajectoire historique des Elomoué

2.1. Les Baoulé dans l’aire culturelle Akan : un aperçu historique

Le peuple Baoulé est l’un des principaux groupes ethniques de Côte d’Ivoire, représentant environ 23 % de la population nationale, soit près de 3 millions d’individus. L’absence d’études statistiques nationales récentes spécifiquement axées sur les ethnies rend toutefois une évaluation démographique précise complexe. Les Baoulé sont une branche du grand groupe Akan, dont les origines se trouvent dans l’ancien royaume Ashanti, situé dans l’actuel Ghana.

La genèse du peuple Baoulé est intrinsèquement liée à une migration fondatrice survenue au XVIIe siècle, menée par la légendaire Reine Abla Pokou. Poursuivie par des forces ennemies, la reine aurait accompli un sacrifice ultime en immolant l’un de ses fils pour permettre à son peuple de traverser un fleuve. Cet acte poignant est à l’origine du nom « Baoulé », dérivé de l’expression « ba ou li », signifiant « l’enfant est mort ». Après cette migration, les Baoulé se sont établis dans une région en forme de « V » ou de « tresse » française, délimitée par les fleuves Bandama et N’Zi, au centre du pays, autour des villes de Bouaké et Yamoussoukro.

2.2. La formation de l’identité Elomoué : un récit d’amalgamation

Contrairement à la majorité des sous-groupes Baoulé, qui se sont formés au sein du royaume central, les Elomoué se distinguent par une histoire de genèse distincte. Les sources indiquent qu’ils se sont détachés du groupe principal peu après 1730. Cette scission s’est produite au moment même où la Reine Abla Pokou et son frère Abraha Akpo guidaient la migration des Assabou depuis l’Ashanti.

Leur identité ne s’est pas constituée autour d’un unique lignage, mais à travers un processus d’amalgamation de diverses populations. Selon les études de l’auteur Sékou Mohammed Bamba, les Elomoué d’aujourd’hui, bien qu’ils forment un groupe homogène, sont le résultat d’un mélange entre les populations anciennes, les Asrin, et les migrants Baoulé Assabou arrivés dans la région entre 1730 et 1740. Cette fusion ethnique entre les Baoulé nouvellement arrivés et le fonds de peuplement préexistant (les Asrin sont un sous-groupe du peuple Agni, des Akan lagunaires) a créé une identité nouvelle et dynamique.

Ce processus d’ethnogenèse souligne le caractère profondément adaptatif de l’identité Elomoué. Le fait qu’un groupe dominant intègre et assimile une population locale déjà établie, comme en témoigne la documentation sur les Asrin et les Baoulé, est un phénomène courant mais significatif dans la région. Cela met en lumière la fluidité des identités ethniques en Afrique de l’Ouest, façonnées par les migrations, les alliances et les interactions, plutôt que par une descendance monolithique.

Tableau 1 : Chronologie de la formation de l’ethnie Elomoué
Période Événements clés
Avant 1730 Peuplement ancien par les Asrin dans le Bas-Bandama.
C. 1720-1740 Début de la migration Baoulé Assabou depuis le royaume Ashanti.
Après 1730 Le sous-groupe Elomoué se détache du groupe Baoulé principal.
1730-1740 Arrivée des Asabu (Baoulé) et fusion avec les populations locales Asrin.
Vers 1740 Fondation de l’État Elomwen par la Reine Tano Adjo, avec un Conseil du Royaume et une armée.
XVIIIe siècle Développement du commerce avec les peuples côtiers (Avikam) et les Européens.
Fin XIXe siècle Résistance à la pénétration coloniale française dans le Bas-Bandama.

2.3. Profil géographique et démographique

Les Elomoué se sont établis dans la sous-préfecture de Tiassalé, située dans le sud de la moyenne vallée du fleuve Bandama. Ils sont regroupés dans cinq villages de la région. La ville de Tiassalé est décrite comme un « joyau du tourisme culturel », abritant une mosaïque ethnique qui comprend les Elomoué (appelés également Elomoin), les Abbey, les Agni et les Abidji-Agni. Cette proximité avec d’autres groupes ethniques a eu une influence notable sur leur culture et leur parler, qui se distingue de celui des autres Baoulé. La présence de peuples lagunaires et forestiers voisins est un facteur clé pour comprendre les spécificités de leur histoire et de leur économie.

II. Organisation sociopolitique et économique

3.1. La gouvernance traditionnelle et l’« État Elomwen »

L’organisation politique traditionnelle des Baoulé est caractérisée par une structure décentralisée. Chaque village était historiquement indépendant, et la prise de décision relevait d’un conseil des anciens sous la présidence d’un chef. Le chef de village, qui est un gardien des biens et des coutumes, a pour mission de faire respecter les traditions et d’administrer le village, s’appuyant sur un conseil de notables. La succession, en pays Baoulé, ne se fait pas directement du père à la fille, mais du chef à l’enfant de sa sœur, suivant ainsi le principe de la lignée maternelle. La destitution d’un chef est un processus rare et encadré par le conseil et la cour royale, souvent motivé par des manquements graves aux mœurs et aux coutumes.

Cependant, les Elomoué se distinguent de ce modèle par une structure de gouvernance plus centralisée. La documentation fait explicitement référence à la fondation d’un « État Elomwen » vers 1740 par la reine Tano Adjo. Cet État était doté de structures politiques et militaires sophistiquées, y compris un Conseil du Royaume, l’organe suprême, et une armée permanente. Cette centralisation politique s’explique par la nécessité de gérer et de défendre leur position stratégique dans le Bas-Bandama. Le contrôle des activités commerciales qui convergeaient vers Tiassalé nécessitait une organisation plus robuste que le modèle villageois classique. Cette structure étatique leur a également permis de résister à la pénétration coloniale française, faisant de l’État Elomwen une entité politique majeure et un pôle de résistance dans la région. La formation de cet État ne découle donc pas d’une simple tradition, mais d’une adaptation pragmatique et d’une réponse aux impératifs économiques et sécuritaires de l’époque.

3.2. Systèmes de parenté, de famille et d’héritage

La société Baoulé présente un système de parenté à la fois matrilinéaire et patrilinéaire. Les sources décrivent la cohésion des groupes familiaux en fonction de trois types de parenté : par consanguinité, par alliance et par adoption. La structure familiale repose sur deux unités essentielles : l’unité familiale ou Awlo et le lignage ou Akpassoua. Ce dualisme se manifeste de manière distincte dans les règles d’héritage, créant une nuance sociale importante.

Le peuple Baoulé distingue en effet deux types de mariage :

  • Le mariage des nobles ou Agoua : Ce type d’union, considéré comme indissoluble, entraînait une rupture totale de la femme avec sa famille d’origine. Le système d’héritage qui en découlait était patrilinéaire, où les biens passaient directement du père au fils.
  • Le mariage ordinaire : Plus simple, il permettait à la femme de conserver des liens étroits avec sa famille d’origine. Dans ce cas, l’héritage était de type matrilinéaire, transmettant les biens de la lignée maternelle.

Tableau 2 : Comparaison des systèmes de mariage et d’héritage Baoulé
Type de mariage Caractéristiques principales Système d’héritage
Mariage des nobles (Agoua) Cérémonies grandioses, prestations importantes en or, rupture avec la famille d’origine de la femme, union indissoluble. Patrilinéaire (du père au fils).
Mariage ordinaire Cérémonies plus simples, la femme conserve ses liens avec sa famille d’origine, basé sur l’exogamie des lignages (Akpasua). Matrilinéaire.

3.3. Fondements économiques et commerce

La situation géographique des Elomoué dans la vallée du Bas-Bandama a été le moteur de leur économie pré-coloniale. Historiquement, l’économie baoulé était fortement axée sur l’or, un commerce qui jouait un rôle central en tant que marchandise et moyen d’échange. Le commerce était souvent pratiqué par des agriculteurs plutôt que par des marchands professionnels, les échanges étant subordonnés aux activités agricoles et aux saisons.

Les Elomoué, avec les groupes Souamélé et Ahua, ont su tirer parti de leur emplacement pour contrôler un commerce actif entre le pays Baoulé et les peuples côtiers, notamment les Avikam de Grand-Lahou. Ils agissaient comme des intermédiaires incontournables, échangeant l’or, les pagnes et le sel lagunaire contre des marchandises européennes comme les armes à feu, la poudre et l’alcool. Ce commerce a été un facteur déterminant dans leur développement politique et leur capacité à se doter d’une armée et de structures étatiques.

Aujourd’hui, l’économie de la région de Tiassalé est dominée par l’agriculture de rente et de subsistance. Les cultures de rente incluent le café, le cacao, le palmier à huile, l’hévéa, la banane douce et l’ananas. Les cultures vivrières comme le riz, le maïs, l’igname et les maraîchers assurent la sécurité alimentaire. Le palmier à huile, en particulier, joue un rôle socio-économique majeur, fournissant non seulement de l’huile, mais aussi d’autres produits comme le vin de palme (n'zan), une boisson très prisée et une source de revenus pour les familles. Le passage d’une économie pré-coloniale basée sur l’or et les échanges vers une économie moderne de cultures de rente illustre une continuité de la capacité d’adaptation et du pragmatisme économique qui a toujours caractérisé les Elomoué.

III. Identité et expressions culturelles

4.1. Croyances religieuses et pratiques spirituelles

La cosmologie religieuse baoulé se structure autour de trois réalités principales : le domaine de Dieu (Nyamien), le monde terrestre habité par les humains et des êtres surnaturels, et l’au-delà (blôlô) où résident les esprits des ancêtres. La croyance en un Dieu créateur, Nyamien, est omniprésente, mais ce dernier est considéré comme intangible et inaccessible. La vie quotidienne est davantage régie par l’interaction avec le dieu de la terre (Assiè) et divers esprits et fétiches (Amwè ou Asys-usu).

Une croyance fondamentale est celle des conjoints mystiques. Chaque personne possède un époux ou une épouse spirituelle (blolo bla pour une femme et blolo byâ pour un homme) qui réside dans l’au-delà. La jalousie de ce conjoint spirituel est souvent perçue comme la cause de malheurs dans la vie terrestre, comme la stérilité, les maladies, les accidents ou les échecs commerciaux. Pour apaiser ces esprits, on peut faire sculpter leur effigie et leur offrir des sacrifices.

La relation avec ces entités n’est pas un culte passif. Les Baoulé entretiennent une approche pragmatique et utilitaire de la spiritualité. Un individu est « propriétaire de son fétiche » et il est d’usage de le menacer, de l’insulter et même de le jeter s’il se révèle inefficace. Cette attitude envers les entités spirituelles révèle que la religion n’est pas une abstraction déconnectée du quotidien, mais un outil pour expliquer et résoudre des problèmes matériels. Cette approche pratique de la foi, où le divin est soumis à une forme de redevabilité, reflète une mentalité qui privilégie l’efficacité et l’action.

Tableau 3 : Les trois domaines du monde spirituel Baoulé
Domaine Description Entités/concepts associés
Le domaine de Dieu Le royaume de Dieu, le ciel (Nyamien), considéré comme intangible, inaccessible, et n’intervenant pas directement dans les affaires humaines. Le Dieu créateur (Nyamien), la pluie (Nhamyen nzüe).
Le monde terrestre Le domaine des êtres humains, des animaux et des plantes. Il est peuplé de puissances surnaturelles qui résident dans la nature (montagnes, roches, rivières, forêts). Le dieu de la terre (Assiè), les esprits (Amuen), les génies de la terre (Asyè-usu), les fétiches (Amwè).
L’au-delà (blôlô) Le monde où résident les esprits des ancêtres et les conjoints spirituels. Il est considéré comme un lieu de l’invisible. Conjoints spirituels (blolo bla et blolo byâ), les âmes des ancêtres.

4.2. Arts et héritage artisanal

L’artisanat baoulé est un pilier de l’identité et de l’économie locale. Le pagne Baoulé est l’une des expressions artistiques les plus emblématiques. Ce tissu n’est pas qu’un simple vêtement, mais un « langage tissé » qui transmet des messages, revendique des identités et rappelle des principes fondateurs à travers ses motifs et symboles. L’art du tissage se transmet de génération en génération dans des localités comme Sakassou et Bouaké, et il représente souvent la principale source de revenus pour les familles. En 2019, l’État ivoirien a d’ailleurs lancé un processus pour la reconnaissance des pagnes baoulé en tant qu’Indication géographique protégée.

Outre le tissage, les Baoulé sont des sculpteurs habiles. Leurs œuvres les plus connues incluent les statuettes de waka sran (hommes de bois), les figures de conjoints spirituels (blolo bla et blolo bian) et les figures de divination. Ces sculptures sont des objets spirituels puissants qui servent à apaiser les esprits ou à assister les chasseurs.

Une analyse plus poussée révèle que l’identité artistique baoulé est profondément synchrétique et non pas statique. Plusieurs de leurs danses et de leurs masques les plus célèbres, comme le Goli, le Djê et le Doh, ont été empruntés à des peuples voisins, en particulier les Wan et les Gouro. Cette appropriation culturelle, où la danse Goli a progressivement remplacé d’autres danses masquées, démontre que la culture baoulé est un processus dynamique d’intégration et d’assimilation plutôt qu’un système clos. Cette capacité à absorber et à faire siens les éléments d’autres cultures reflète le même pragmatisme historique qui a façonné leur organisation sociale et économique.

4.3. Rites de passage et marqueurs sociaux

Les rites de passage sont essentiels dans la vie communautaire. L’un des plus importants est l’Atovlê, une cérémonie qui célèbre les premières règles d’une jeune fille. Le rite, qui se déroule en plusieurs étapes, marque son entrée dans le monde de la femme et l’initie aux responsabilités sociales.

Les conventions de nomination Baoulé sont complexes et liées à la position dans la famille ou aux circonstances de la naissance. Les noms de famille sont traditionnellement patronymiques, le prénom du père étant donné comme nom de famille aux enfants. Cependant, l’adoption progressive de l’état civil moderne tend à faire disparaître cette pratique.

La langue baoulé, qui appartient au groupe des langues kwa, possède ses propres spécificités. Elle a un système temporel et spatial distinctif, avec un calendrier de sept jours appelé mocije, et des expressions construites pour dénoter l’heure et la durée. Le fait que certains sous-groupes, comme les Kodè, possèdent un « accent très spécial et un vocabulaire en partie emprunté aux Gouro et aux Ouan » suggère que les Elomoué, vivant à proximité de peuples non Baoulé, pourraient également avoir des particularités linguistiques qui reflètent leur histoire d’amalgamation.

IV. Les Elomoué dans le monde contemporain

5.1. Défis socio-économiques contemporains

L’évolution de la société ivoirienne a entraîné une « rupture radicale » entre le contexte traditionnel et les influences occidentales pour les peuples Baoulé. Cette transformation se manifeste par une dévalorisation de l’artisanat traditionnel au profit d’un « pseudo-art » touristique et une désuétude progressive des cultes traditionnels au sein des communautés.

La chefferie traditionnelle est également confrontée à de nouvelles dynamiques. Bien que le chef de village soit toujours le garant des coutumes, son rôle est de plus en plus amené à s’adapter à l’administration moderne et aux partis politiques. Le chef doit accueillir tous les partis sans s’affilier à aucun, jouant un rôle de conciliateur et d’administrateur. De plus, les règles coutumières traditionnelles interdisent au chef d’être musulman ou chrétien, car le tabouré royal représente l’âme des ancêtres. Cette exigence est en contradiction directe avec le pluralisme religieux de la Côte d’Ivoire moderne, mettant en tension la légitimité du pouvoir traditionnel face à la modernité. Cette érosion de l’autorité sacrée transforme le rôle du chef de village, qui passe du statut de gardien des âmes et de la tradition à celui d’un simple gestionnaire et de figure d’accueil pour le développement.

5.2. Pressions environnementales et démographiques

La région de Tiassalé, où vivent les Elomoué, fait face à un défi environnemental majeur et récurrent : les inondations. Ces inondations, dues à de très fortes précipitations, entraînent la destruction de biens matériels et le déplacement des populations. Le problème est aggravé par une occupation non contrôlée des zones inondables, notamment les vallées et les vallons qui constituent des axes naturels d’évacuation des eaux de ruissellement. Des quartiers entiers, notamment Dafindougou et Cocody-ouest, sont considérés comme des zones à haut risque.

Ce problème environnemental met en lumière une ironie historique. La même situation géographique dans le Bas-Bandama qui a permis aux Elomoué de prospérer économiquement et de se centraliser politiquement en tant qu’État au XVIIIe siècle, est aujourd’hui une source de vulnérabilité et de risque pour la sécurité de la population. Les décisions historiques de s’installer le long du fleuve Bandama, bien que brillantes sur le plan commercial, ont créé une vulnérabilité à long terme qui se manifeste par une crise environnementale contemporaine. La résilience des Elomoué, qui a été le moteur de leur succès historique, est maintenant testée par la nécessité d’une nouvelle adaptation face à un environnement de plus en plus imprévisible.

V. Conclusion : Perspectives et recommandations

L’étude des Elomoué, sous-groupe Baoulé, révèle un peuple dont l’identité est le résultat d’une histoire de séparation, de fusion ethnique et d’adaptation stratégique. L’« État Elomwen » n’était pas un simple prolongement du modèle Akan, mais une entité politique forgée par la nécessité de contrôler les routes commerciales du Bas-Bandama. L’organisation sociale, avec ses systèmes de parenté et d’héritage dualistes, a servi à la fois à préserver les traditions et à permettre une stratification sociale élitiste. De même, leur culture est le reflet d’une approche pragmatique et synchrétique, intégrant des éléments de peuples voisins pour enrichir leur propre patrimoine.

Face aux défis contemporains, tels que l’érosion de l’autorité traditionnelle et les menaces environnementales croissantes, les Elomoué se trouvent à un nouveau carrefour historique. Leurs institutions et coutumes, qui ont jadis servi à la prospérité et à la survie, sont aujourd’hui mises à l’épreuve par les dynamiques de la modernité et du changement climatique.

Pour assurer la pérennité de cette culture, il est recommandé d’adopter des approches qui reconnaissent son caractère dynamique et adaptatif plutôt que de chercher à préserver une forme statique et idéalisée. De plus, il est crucial que les efforts de développement s’appuient sur cette tradition de pragmatisme et de résilience. Les autorités locales et les institutions doivent travailler de concert avec les communautés pour mettre en œuvre des solutions durables aux problèmes environnementaux, en particulier les inondations, et pour intégrer les structures traditionnelles de gouvernance dans la gestion urbaine et sociale. L’histoire des Elomoué démontre que leur force a toujours résidé dans leur capacité à se réinventer, et c’est cette même capacité qui sera leur principal atout pour l’avenir.

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